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Ces femmes au foyer en mal de reconnaissanceUn parcours souvent semé d’embûchesNezha Mounir
Jeudi 16 Janvier 2014
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Il fut un temps où rester à la maison pour s’occuper de ses enfants était le plus beau métier du monde. Aujourd’hui, être mère au foyer est bien plus difficile à assumer. Si certaines mamans vivent très bien leur statut, choisi ou forcé, d’autres au contraire, font face à une crise identitaire. Comment assumer le regard des autres et les idées préconçues d’une société qui a érigé la valeur du travail rémunéré au-dessus de tout ? Comment ne pas verser dans l’autodénigrement et se retrouver en mal de reconnaissance? Une situation qui s’est invitée dans les plus hautes sphères internationales. «La cuisine, le nettoyage et la prise en charge des enfants et des personnes âgées devraient être des responsabilités collectives, plutôt que d’échoir entièrement aux femmes », a affirmé, en octobre dernier, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur l’extrême pauvreté, Magdalena Sepúlveda, devant la troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, en prévenant que le travail non rémunéré qui n’est pas réparti équitablement est un facteur de pauvreté et d’exclusion sociale pour les femmes. Et de lancer un appel :«Je demande aux Etats de reconnaître les prestations de soins non rémunérées comme un enjeu majeur des droits humains». En attendant que les femmes au foyer soient réhabilitées dans leurs droits, sont-elles aussi désespérées qu’on le croit? En tout cas, ce n’est pas Anissa qui prétendra le contraire. Cette jeune femme de 45 ans crie son ras-le-bol et ne supporte plus le dédain voire le mépris dont elle fait l’objet de par son statut de femme au foyer «Ma belle-famille me considère juste comme une charge, voire une bouche de plus à nourrir, du fait que je ne ramène pas d’argent au foyer. Pourtant, je trime et je fournis des efforts peut-être même plus que mon mari. Chaque jour que Dieu fait, je suis la première à me réveiller et la dernière à me coucher. Entre repas, rangement et courses, pas le moindre répit. Et quand je ramène les enfants de l’école, je dois encore les accompagner pour faire leurs devoirs. Mon mari ne lève pas le petit doigt. Il est complètement démissionnaire sous prétexte que, lui, il travaille. Je pense que je me paie du beau temps», conclut-elle avec une profonde amertume. Des réflexions largement partagées par Myriam. Selon elle, «être mère au foyer n’a pas été un choix». Et d’expliquer :«J’ai eu des jumelles, et vu que j’avais déjà un autre enfant, j’ai été obligée de quitter mon travail pour m’occuper de ma famille. J’ai vite déchanté face à toute l’ingratitude que je vivais au quotidien. Moi qui m’épanouissais dans mon travail, me voilà devenue un véritable robot. J’en suis même arrivée à détester ma vie et à frôler la dépression. J’ajoute à cela le fait de dépendre financièrement de son mari ». Une situation de dépendance qui, poussée à l’extrême, peut dégénérer et déboucher même sur la violence. Ainsi certaines femmes se trouvant à la merci de leur mari et privées de toute source de revenu plongent dans la précarité. C’est la descente aux enfers. A ce propos et selon les cas recensés par le Centre Ennajda d’aide aux femmes et enfants victimes de la violence de Kénitra, les femmes au foyer sont les plus exposées à la violence. Des chiffres très parlants ont été avancés dans ce sens. Selon ce centre, parmi 832 femmes qui ont eu recours à ses services, 61% d’entre elles sont des femmes au foyer, 89% ont été violentées à la maison, contre 8% seulement dans la rue, et 72% ont subi la violence de la part de leur mari. Alors à quand une reconnaissance de ces femmes qui s’investissent dans un travail invisible loin de toute considération et qui dispense l’Etat de financer de nouvelles infrastructures d’accueil comme les crèches ?
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