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La puissance au XXIème siècle de Pierre Buhler, diplomate de carrière et brillant analyste, pourrait être un énième manuel de relations internationales, mais il est en fait bien plus que cela. Même si la première partie de l’ouvrage où l’auteur décline les différentes variables (droit, géographie, démographie et argent) avec lesquelles le concept de puissance entre en relation, commençant d’ailleurs de manière assez traditionnelle par l’apparition et le cheminement historique du concept lui-même, la seconde partie est réellement passionnante avec une réflexion sur « l’unification du champ de la puissance » puis une analyse régionalisée des grandes puissances que sont les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, et bien sûr l’Europe.
Hubert Védrine, dans sa contribution constituant la préface du travail de P. Buhler, parle d’une «dense contribution que Pierre Buhler […] apporte à ce décryptage de notre monde en mouvement vertigineux ».
Cet ouvrage s’impose comme une référence pour comprendre le concept de puissance à la lumière du temps présent, et sa réédition actualisée en 2014 est la bienvenue.
Les termes de l’ancien ministre des Affaires étrangères de la France de 1997 à 2002 marquent tout l’enjeu de l’ouvrage. En effet, si la réflexion de l’auteur est portée par la densité d’un corpus intellectuel que l’on se doit de saluer, certains points se heurtent de plein fouet aux mouvements incessants du monde. Ainsi, l’auteur ne pouvait que difficilement prévoir l’isolement récent de la Russie sur la scène internationale, suite au sommet du G20 à Brisbane en Australie, où Vladimir Poutine quitta prématurément le sommet sous le feu de vives critiques concernant l’Ukraine. Cela vient nuancer le propos de Buhler pour qui la Russie est « incontournable pour le traitement des (autres) grands sujets de la gouvernance mondiale ou régionale [...]
Membre du G8 et G20, la Russie s’appuie avec utilitarisme sur des organisations […] qui servent à promouvoir ses intérêts ». De même, le récent abandon du projet Southstream, qui symbolisait la domination énergétique de la Russie sur l’Europe de l’est, et l’accord entre la Chine et les Etats-Unis sur le climat survenu ces dernières semaines renforcent l’isolement d’une Russie aux accents de plus en plus autoritaires.
On peut relever quelques raccourcis, quand l’auteur affirme par exemple que la place des Etats-Unis comme « première économie du monde » est pour « longtemps encore et de loin » : les chiffres publiés ces derniers jours par le FMI montrent que la Chine avait ravi aux Etats-Unis la place de numéro un. En effet, la Chine représente aujourd’hui 16,5 % de l’économie mondiale en termes de pouvoir d’achat réel, devant les 16,3 % des Etats-Unis, les chiffres du FMI étant basés sur les parités de pouvoir d’achat. Autre raccourci – peut-être idéologique cette fois-ci – quand l’auteur aborde la gestion de la crise au sein des instances européennes, le langage est sobre sauf quand il cite «l’insuffisante compétitivité des économies du sud » – « le Club Med raillé par la presse allemande…». Jamais il n’évoque la gouvernance inégale et la cure d’austérité – qui ont mis à genoux les économies d’Europe du sud, Grèce en tête – tandis que les dirigeants suivant le couple franco-allemand ne leur ont envoyé, pendant un certain temps et avant de se rendre compte que la crise touchait l’ensemble de l’eurozone, que leur condescendance comme réponse politique et sociale.
La partie « Unification du champ de la puissance » est passionnante car elle touche des sujets encore peu théorisés du fait du manque de recul sur des phénomènes structurels complexes. Certains propos peuvent toutefois être nuancés grâce à la richesse de notre actualité.
Quand l’auteur affirme que « les géants de l’internet sont à même d’ignorer les souverainetés des Etats », il faut aussi citer l’exemple de la loi espagnole qui aura eu finalement raison de Google News, qui fermera pour la première fois l’un de ses bureaux, se refusant de rémunérer à partir du 1er janvier 2015 les éditeurs dont il reprend des extraits d’articles et des photos.
Ensuite, l’auteur ne voit pas assez loin quant à l’importance déjà cruciale – quand lui parle d’un champ « encore largement inexploré, à investir » – de l’intelligence économique pour nos sociétés et nos entreprises, représentée par exemple en France par l’ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques) dirigée par Guillaume Poupard. La volonté de l’Etat d’investir le champ de l’intelligence économique s’est accrue avec la création de la DGSI, rattachée au ministère de l’Intérieur, en mai 2014. Nous pouvons enfin regretter, quand il aborde la question de la mise en réseau des revendications sociales via les ONG, qu’il n’aborde pas une seule fois le mouvement Occupy, symbole d’une puissance populaire aux ramifications mondiales, qui par endroit obtient même des débouchés politiques, contre l’omnipotence d’un Etat ou d’une classe économique ou sociale porteuse d’inégalités et d’injustices.
L’analyse de Pierre Buhler contenue dans ce livre fait écho à l’actualité française et européenne et porte notre réflexion à un niveau supérieur, rendant la lecture vraiment agréable. La pertinence du propos et de la réflexion permet de problématiser par exemple le thème du retour de la religion dans le débat public. La formule de Gilles Kepel – « la revanche de Dieu » – semble aussi prophétique. On ne peut qu’être marqué dans notre société par la résilience, ou même la résurgence du phénomène religieux !
Que ce soit les jeunes des banlieues parisiennes ou des bocages normands – que l’on pourrait appeler « de souche » et de facto convertis – qui partent faire le jihad via la Turquie, ou l’affirmation du communautarisme dans la société, portant entre autres les germes d’un nouvel antisémitisme, les tensions religieuses sont vives. Le phénomène est aussi politique avec les mobilisations de la droite catholique contre le mariage homosexuel – et au-delà contre d’autres sujets sociétaux que Gaël Brustier a, dans son ouvrage « Le Mai 68 conservateur », très bien décrypté – qui ont crispé la société française.
La récente nomination de Jean Tirole au prix Nobel 2014 d’économie a confirmé, après la consécration de Thomas Piketty outre-Atlantique avec son Capital au XXIème siècle, la bonne santé de la recherche économique en France. Si cela ne vient juste que mettre en perspective l’hégémonie américaine sur la pensée économique mondiale, nous ne pouvons que nous réjouir quand ces indicateurs nous montrent au plus haut niveau dans le domaine de la recherche.
Une des « lignes de fuite » de la puissance, selon P. Buhler, est en effet la compétition technologique, scientifique et intellectuelle, consacrant la nouvelle « économie de la connaissance ». C’est l’un des points les plus importants de l’ouvrage et qui revient maintes fois dans sa réflexion, car il peut déboucher sur une prise de conscience française et européenne. La « Stratégie de Lisbonne » qui ambitionnait de faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde en 2010 » s’est soldée « par un échec sans appel, synonyme de recul relatif ». L’Europe souffre effectivement de la faiblesse de ses investissements en R&D et du manque d’interactions entre le milieu de la recherche, de l’innovation et de l’entreprise. Si les pays les plus avancés dans ce domaine consacrent 5 à 6 % de leur PIB à l’investissement (Etats-Unis, pays scandinaves, Israël, Corée, Japon), la France était en 2012 à 3,6 % de ces ratios, dont 2,2 concernant la R&D, et la moyenne européenne n’est pas forcément meilleure (l’Allemagne est devant avec 4,4 %).
On peut regretter que l’épilogue ne traite que partiellement de l’Afrique en ne faisant état que du cas du Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec ses 173 millions d’habitants, mais aussi un des plus pauvres alors qu’il est le premier producteur et exportateur de pétrole d’Afrique (2,8 millions de barils par jour) et la seconde puissance derrière l’Afrique du sud. On ressent là tout le poids de la richesse du sol qui peut devenir aussi un sérieux handicap au développement d’un pays, comme l’auteur le montre dans la première partie de l’ouvrage, favorisant les économies de rente, la corruption et des inégalités insupportables. Même constat pour l’Amérique latine, où l’auteur s’attache seulement au cas brésilien, tout en ne parlant pas des initiatives supranationales de ces pays pour essayer de contrebalancer la puissance venant du nord.
Pire, l’auteur omet de parler des monarchies du Golfe, acteurs fondamentaux de la puissance en termes économiques et d’influence géopolitique. Richissimes grâce au pétrole, elles opèrent déjà leur reconversion économique et écologique pour préparer la transition d’un modèle à un autre. Elles investissent notamment en Occident et particulièrement en Europe (patrimoine historique, grands clubs sportifs, etc.) et financent via des fonds privés des mouvements religieux internationaux fondamentalistes pour contribuer à l’ingérence de certains Etats adverses, tout ceci formant une stratégie de puissance que nous ne devrions pas occulter.
Enfin, Pierre Buhler conclut son essai par une évocation propre à la France et lourde de sens. L’auteur y consacre une partie de l’épilogue en appelant à la réforme et à l’amélioration de sa méthodologie : « comme toute relation humaine, la puissance est l’objet d’une dynamique du changement […] qui ne peut manquer d’engendrer une tension constante avec l’ordre existant ». Cette phrase est pour moi le symbole de l’enjeu économique et social pour notre pays face à ses difficultés pour s’approprier et se placer au sein de la mondialisation, qu’il soit destiné aux décideurs publics et politiques, ou à l’opinion elle-même faisant preuve d’une défiance croissante vis-à-vis de la globalisation et tentée par le repli sur soi. Les mots d’Hubert Védrine en conclusion de la préface sont justes et annonciateurs: « Au moins Pierre Buhler aura-t-il apporté sa contribution – remarquable – à la « pédagogie patiente et persuasive » du monde réel, sans laquelle toute action est vaine, qu’il appelle de ses vœux ».
* Revue Esprit critique –Fondation Jean Jaurès
La puissance au XXIème siècle, Pierre Buhler, CNRS Editions, 2014 (réed. actualisée), 619 pages
Hubert Védrine, dans sa contribution constituant la préface du travail de P. Buhler, parle d’une «dense contribution que Pierre Buhler […] apporte à ce décryptage de notre monde en mouvement vertigineux ».
Cet ouvrage s’impose comme une référence pour comprendre le concept de puissance à la lumière du temps présent, et sa réédition actualisée en 2014 est la bienvenue.
Les termes de l’ancien ministre des Affaires étrangères de la France de 1997 à 2002 marquent tout l’enjeu de l’ouvrage. En effet, si la réflexion de l’auteur est portée par la densité d’un corpus intellectuel que l’on se doit de saluer, certains points se heurtent de plein fouet aux mouvements incessants du monde. Ainsi, l’auteur ne pouvait que difficilement prévoir l’isolement récent de la Russie sur la scène internationale, suite au sommet du G20 à Brisbane en Australie, où Vladimir Poutine quitta prématurément le sommet sous le feu de vives critiques concernant l’Ukraine. Cela vient nuancer le propos de Buhler pour qui la Russie est « incontournable pour le traitement des (autres) grands sujets de la gouvernance mondiale ou régionale [...]
Membre du G8 et G20, la Russie s’appuie avec utilitarisme sur des organisations […] qui servent à promouvoir ses intérêts ». De même, le récent abandon du projet Southstream, qui symbolisait la domination énergétique de la Russie sur l’Europe de l’est, et l’accord entre la Chine et les Etats-Unis sur le climat survenu ces dernières semaines renforcent l’isolement d’une Russie aux accents de plus en plus autoritaires.
On peut relever quelques raccourcis, quand l’auteur affirme par exemple que la place des Etats-Unis comme « première économie du monde » est pour « longtemps encore et de loin » : les chiffres publiés ces derniers jours par le FMI montrent que la Chine avait ravi aux Etats-Unis la place de numéro un. En effet, la Chine représente aujourd’hui 16,5 % de l’économie mondiale en termes de pouvoir d’achat réel, devant les 16,3 % des Etats-Unis, les chiffres du FMI étant basés sur les parités de pouvoir d’achat. Autre raccourci – peut-être idéologique cette fois-ci – quand l’auteur aborde la gestion de la crise au sein des instances européennes, le langage est sobre sauf quand il cite «l’insuffisante compétitivité des économies du sud » – « le Club Med raillé par la presse allemande…». Jamais il n’évoque la gouvernance inégale et la cure d’austérité – qui ont mis à genoux les économies d’Europe du sud, Grèce en tête – tandis que les dirigeants suivant le couple franco-allemand ne leur ont envoyé, pendant un certain temps et avant de se rendre compte que la crise touchait l’ensemble de l’eurozone, que leur condescendance comme réponse politique et sociale.
La partie « Unification du champ de la puissance » est passionnante car elle touche des sujets encore peu théorisés du fait du manque de recul sur des phénomènes structurels complexes. Certains propos peuvent toutefois être nuancés grâce à la richesse de notre actualité.
Quand l’auteur affirme que « les géants de l’internet sont à même d’ignorer les souverainetés des Etats », il faut aussi citer l’exemple de la loi espagnole qui aura eu finalement raison de Google News, qui fermera pour la première fois l’un de ses bureaux, se refusant de rémunérer à partir du 1er janvier 2015 les éditeurs dont il reprend des extraits d’articles et des photos.
Ensuite, l’auteur ne voit pas assez loin quant à l’importance déjà cruciale – quand lui parle d’un champ « encore largement inexploré, à investir » – de l’intelligence économique pour nos sociétés et nos entreprises, représentée par exemple en France par l’ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques) dirigée par Guillaume Poupard. La volonté de l’Etat d’investir le champ de l’intelligence économique s’est accrue avec la création de la DGSI, rattachée au ministère de l’Intérieur, en mai 2014. Nous pouvons enfin regretter, quand il aborde la question de la mise en réseau des revendications sociales via les ONG, qu’il n’aborde pas une seule fois le mouvement Occupy, symbole d’une puissance populaire aux ramifications mondiales, qui par endroit obtient même des débouchés politiques, contre l’omnipotence d’un Etat ou d’une classe économique ou sociale porteuse d’inégalités et d’injustices.
L’analyse de Pierre Buhler contenue dans ce livre fait écho à l’actualité française et européenne et porte notre réflexion à un niveau supérieur, rendant la lecture vraiment agréable. La pertinence du propos et de la réflexion permet de problématiser par exemple le thème du retour de la religion dans le débat public. La formule de Gilles Kepel – « la revanche de Dieu » – semble aussi prophétique. On ne peut qu’être marqué dans notre société par la résilience, ou même la résurgence du phénomène religieux !
Que ce soit les jeunes des banlieues parisiennes ou des bocages normands – que l’on pourrait appeler « de souche » et de facto convertis – qui partent faire le jihad via la Turquie, ou l’affirmation du communautarisme dans la société, portant entre autres les germes d’un nouvel antisémitisme, les tensions religieuses sont vives. Le phénomène est aussi politique avec les mobilisations de la droite catholique contre le mariage homosexuel – et au-delà contre d’autres sujets sociétaux que Gaël Brustier a, dans son ouvrage « Le Mai 68 conservateur », très bien décrypté – qui ont crispé la société française.
La récente nomination de Jean Tirole au prix Nobel 2014 d’économie a confirmé, après la consécration de Thomas Piketty outre-Atlantique avec son Capital au XXIème siècle, la bonne santé de la recherche économique en France. Si cela ne vient juste que mettre en perspective l’hégémonie américaine sur la pensée économique mondiale, nous ne pouvons que nous réjouir quand ces indicateurs nous montrent au plus haut niveau dans le domaine de la recherche.
Une des « lignes de fuite » de la puissance, selon P. Buhler, est en effet la compétition technologique, scientifique et intellectuelle, consacrant la nouvelle « économie de la connaissance ». C’est l’un des points les plus importants de l’ouvrage et qui revient maintes fois dans sa réflexion, car il peut déboucher sur une prise de conscience française et européenne. La « Stratégie de Lisbonne » qui ambitionnait de faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde en 2010 » s’est soldée « par un échec sans appel, synonyme de recul relatif ». L’Europe souffre effectivement de la faiblesse de ses investissements en R&D et du manque d’interactions entre le milieu de la recherche, de l’innovation et de l’entreprise. Si les pays les plus avancés dans ce domaine consacrent 5 à 6 % de leur PIB à l’investissement (Etats-Unis, pays scandinaves, Israël, Corée, Japon), la France était en 2012 à 3,6 % de ces ratios, dont 2,2 concernant la R&D, et la moyenne européenne n’est pas forcément meilleure (l’Allemagne est devant avec 4,4 %).
On peut regretter que l’épilogue ne traite que partiellement de l’Afrique en ne faisant état que du cas du Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec ses 173 millions d’habitants, mais aussi un des plus pauvres alors qu’il est le premier producteur et exportateur de pétrole d’Afrique (2,8 millions de barils par jour) et la seconde puissance derrière l’Afrique du sud. On ressent là tout le poids de la richesse du sol qui peut devenir aussi un sérieux handicap au développement d’un pays, comme l’auteur le montre dans la première partie de l’ouvrage, favorisant les économies de rente, la corruption et des inégalités insupportables. Même constat pour l’Amérique latine, où l’auteur s’attache seulement au cas brésilien, tout en ne parlant pas des initiatives supranationales de ces pays pour essayer de contrebalancer la puissance venant du nord.
Pire, l’auteur omet de parler des monarchies du Golfe, acteurs fondamentaux de la puissance en termes économiques et d’influence géopolitique. Richissimes grâce au pétrole, elles opèrent déjà leur reconversion économique et écologique pour préparer la transition d’un modèle à un autre. Elles investissent notamment en Occident et particulièrement en Europe (patrimoine historique, grands clubs sportifs, etc.) et financent via des fonds privés des mouvements religieux internationaux fondamentalistes pour contribuer à l’ingérence de certains Etats adverses, tout ceci formant une stratégie de puissance que nous ne devrions pas occulter.
Enfin, Pierre Buhler conclut son essai par une évocation propre à la France et lourde de sens. L’auteur y consacre une partie de l’épilogue en appelant à la réforme et à l’amélioration de sa méthodologie : « comme toute relation humaine, la puissance est l’objet d’une dynamique du changement […] qui ne peut manquer d’engendrer une tension constante avec l’ordre existant ». Cette phrase est pour moi le symbole de l’enjeu économique et social pour notre pays face à ses difficultés pour s’approprier et se placer au sein de la mondialisation, qu’il soit destiné aux décideurs publics et politiques, ou à l’opinion elle-même faisant preuve d’une défiance croissante vis-à-vis de la globalisation et tentée par le repli sur soi. Les mots d’Hubert Védrine en conclusion de la préface sont justes et annonciateurs: « Au moins Pierre Buhler aura-t-il apporté sa contribution – remarquable – à la « pédagogie patiente et persuasive » du monde réel, sans laquelle toute action est vaine, qu’il appelle de ses vœux ».
* Revue Esprit critique –Fondation Jean Jaurès
La puissance au XXIème siècle, Pierre Buhler, CNRS Editions, 2014 (réed. actualisée), 619 pages