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Dans la soirée du lundi 28 septembre, aux environs de 20 heures, une vingtaine d’officiers de police font irruption dans les locaux casablancais de ce quotidien. Ils ont ordre de faire évacuer le siège du journal et de procéder à la fermeture des locaux. « Nous avons demandé s’ils avaient une quelconque décision écrite, un jugement, n’importe quoi d’officiel et écrit. Ils m’ont répliqué qu’ils en ont reçu l’ordre et que je n’avais qu’à contacter le ministre de l’Intérieur pour de plus amples explications », affirme T. Bouachrine. L’explication viendra, quelques instants plus tard, d’un communiqué du ministère de l’Intérieur relayé par la très officielle agence Maghreb Arabe Presse.
On y apprend que le département aux destinées duquel préside le tandem Benmoussa-Hassar a décidé de poursuivre en justice le quotidien Akhbar Al Yaoum après la publication d’une caricature « en relation avec la célébration par la famille royale d’un événement à caractère strictement privé et de procéder à sa saisie ». Cette caricature, publiée dans l’édition du week-end du journal et dont les numéros n’ont pas été saisis, tient à préciser le directeur de publication, constitue selon l’Intérieur « une atteinte au respect dû à un membre de la famille royale ». Suit alors une description très détaillée de la caricature, objet du délit : utilisation tendancieuse du drapeau marocain -ce qui porte atteinte à un symbole de la Nation en faisant outrage à l’emblème du royaume, s’empresse de préciser le communiqué- et usage de l’étoile de David, présenté très officiellement comme un signe extérieur « de penchants d’antisémitisme flagrant ».
« La caricature que nous avons publiée dans ce numéro daté du 26-27 septembre et qui était en vente libre pendant tout le week-end sans le moindre problème n’avait rien d’offensant », affirme avec force le directeur de Akhbar Al Yaoum avant de s’interroger sur la saisie du numéro du 29 septembre, « un numéro où il n’y a rien, une saisie tout aussi inexplicable ».
En fait la caricature dont Libération détient copie montre S.A le Prince Moulay Ismaïl, en habit traditionnel et lunettes noires de soleil, sur une « Amaria », avec en arrière fond le drapeau marocain. La « Amaria » princière est ornée de deux étoiles à cinq branches, le caractère inachevé mais aussi ambigü de cette figure autorise toutes les interprétations, y compris celles qui fâchent. « C’est une étoile typiquement marocaine que l’on rencontre en des circonstances purement festives », se défend pourtant T. Bouachrine tout en relevant que « ce n’est pas la première fois qu’un journal marocain publie une caricature d’un membre de la famille royale ».
« Le premier ministre doit assumer ses responsabilités
Le ministère de l’Intérieur n’est pas seul à poursuivre en justice Akhbar Al Yaoum : le Prince Moulay Ismaïl a, lui aussi, décidé d’en faire autant.
Et si la justice est appelée à dire son dernier mot sur cette affaire, la fermeture des locaux et la saisie des comptes de « Akhbar Al Yaoum » laisse perplexe. Au Syndicat national de la presse marocaine, SNPM, on ne décolère pas depuis les premières heures de ce matin du 29 septembre « C’est un abus de pouvoir du ministère de l’Intérieur. Le gouvernement, et à sa tête le premier ministre, est vivement appelé à assumer ses responsabilités, soit en annulant cette décision inique, soit en démissionnant. Une telle fermeture, décidée hors du circuit de la justice, est véritablement une première. L’Administration ne détient qu’un seul pouvoir, celui de la saisie sachant par exemple qu’une interdiction est désormais le fait de la justice », soutient le président du SNPM, Younes Moujahid.
Dans le communiqué signé du ministère de l’Intérieur, cette fermeture des locaux du journal est évoquée dans une extrême « pudeur » linguistique. « Le ministère de l’Intérieur a décidé de prendre les mesures appropriées concernant les locaux et les moyens » du journal.
Les avocats des dirigeants de Akhbar Al Yaoum ont déposé mardi 29 septembre un recours pour abus de pouvoir devant le tribunal administratif de Casablanca et Taoufik Bouachrine devait tenir une conférence de presse dans l’après-midi de ce même jour.
Une nouvelle affaire qui va, à coup sûr, agiter le landerneau médiatique. Entre caricature aux frontières de l’ambiguïté et fermeture abusive d’un titre de presse, la confrontation entre les médias et les pouvoirs publics promet bien des remous.