Autres articles
-
Yoon Suk Yeol. De procureur superstar à président déchu
-
Kevin "Vladimirovitch" Johnson: Un Américain qui boxe pour la Russie de Poutine
-
Luiz Inacio Lula da Silva : De la pauvreté au pouvoir, un destin hors norme
-
Mohammad al-Bachir. Du bastion rebelle d'Idleb à premier chef de gouvernement post-Assad
-
Luigi Mangione. Diplômé et fils de bonne famille, le profil du suspect du meurtre du patron d’UnitedHealthcare
Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi, connu aussi comme Razi (865-925) est un savant pluridisciplinaire iranien qui a apporté d'importantes contributions à la médecine, à l'alchimie et à la philosophie. Alchimiste devenu médecin, il aurait isolé l'acide sulfurique et dont il fut parmi les premiers à prôner l'utilisation médicale. S'agissant de la pratique médicale, il a vigoureusement défendu la démarche scientifique dans le diagnostic et la thérapeutique et a largement influencé la conception de l'organisation hospitalière en lien avec la formation des futurs médecins. Empiriste et rationaliste, il fut l'objet de nombreuses critiques pour son opposition à l'aristotélisme et sa libre-pensée vis-à-vis de la religion musulmane.
Il aurait d'abord été musicien, d'une grande virtuosité probablement joueur de oud, avant de se tourner vers l'alchimie, la philosophie, les mathématiques et l'astronomie. Il n'aurait découvert la médecine que sur le tard. Contrairement à une idée répandue, il n'est pas le premier à dire que le monde est rond car Ératosthène, au IIIe siècle av. J.-C., avait calculé avec une assez bonne précision la circonférence terrestre et plus tard, le mathématicien indien Aryabhata l'Ancien fera de même au VIe siècle. Il semblerait qu'il se soit aussi intéressé à l'orfèvrerie.
Selon certains de ses biographes, Razi aurait souffert d'une maladie des yeux provoquée par les émanations résultant de ses expériences d'alchimie qui lui aurait fait abandonner ce domaine pour s'intéresser à la médecine mais Razi aurait dit lui-même que sa vue avait été affectée par des lectures prolongées. Vers l'âge de trente ans, il entame donc une formation de médecin à Ray. Lettré, il est persan mais lit et écrit en arabe; il étudie les textes des anciens Grecs (Hippocrate, Galien), et aussi Hindous, éventuellement traduits en syriaque, puis en arabe. Les écrits d'Ali ibn Rabban al-Tabari (mort vers 870) auront notamment une grande influence sur lui. Il poursuit sa formation en voyageant en Syrie, en Égypte, en Andalousie, complétant ses connaissances livresques par une pratique clinique et expérimentale.
De retour en Orient, il est d'abord nommé médecin à la cour du prince samanide Abu Salih al-Mansur, régnant sur le royaume du Khorassan au nord-est de l'Iran. Sa notoriété grandissant, il est chargé de la direction de l'hôpital de Ray puis du maristan (hôpital central) Muqtadari de Bagdad sous le règne du calife abbasside Al-Muktafi. La légende raconte que, pour choisir l'emplacement des bâtiments à construire, il aurait fait suspendre des morceaux de viande en différents lieux de la ville et aurait choisi le site comme étant celui où la viande se décomposait le moins vite.
À la mort du souverain Al-Muktafi, en 907, Razi retourne à Ray. De nombreux étudiants le suivent et il poursuit son enseignement médical. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il y meurt le 27 octobre 925 (ou 932 suivant les sources), en l'an 313 du calendrier musulman.
Le médecin, l'enseignant et l'homme de science
En tant que médecin-chef de l’hôpital, progressiste et humaniste, Razi introduisit des pratiques radicalement nouvelles dans le soin des patients et la formation des médecins. Il distinguait en effet trois aspects de la médecine : la santé publique, la médecine préventive et le traitement des maladies spécifiques. Dans cette optique, il organisa des consultations externes, promut les soins à domicile et ouvrit l'hôpital et l'accès aux soins et aux nécessiteux et non pas seulement aux riches. Insistant sur le rôle de la médecine préventive, il se fit l'auteur du tout premier traité médical à l'usage des non-médecins fondé sur sept principes destinés à assurer la préservation de la santé :
Contrairement à l'usage d'alors, il associait à la démarche de soin le malade lui-même (dont il estimait que l'état psychologique conditionnait la réussite du traitement), mais aussi l'entourage du malade : « Il faut que les malades et ses proches soient avec le médecin et non contre lui, qu’ils ne lui cachent rien des états du malade et de son comportement. » Dans cette même approche, il insistait sur le rôle de la diététique dans le soin et la prévention des maladies.
Utilisant ses connaissances en chimie pour son activité médicale, il peut être considéré comme un fondateur de la thérapeutique iatrochimique (l'usage de substances chimiques pour soigner des maladies). Il œuvra pour la constitution de la pharmacologie comme discipline médicale à part entière et le chapitre qui lui est consacré dans son traité Kitab al-Hawi restera une référence jusqu'au XVIIe siècle en Europe. Il alerta très tôt ses contemporains sur l'usage inconsidéré de médicaments et les difficultés résultant de la polypharmacie (l'usage de plusieurs médicaments à la fois).
Œuvre scientifique et médicale
Razi pratiquait de nombreuses spécialités médicales : chirurgie, gynécologie, obstétrique, ophtalmologie… Il a puisé sa science dans l’Abrégé du Khûzistan (Kunnash al-Khûz), et a largement recouru à Aqrâbadin, ouvrage de pharmacopée syriaque traduit en arabe par le médecin chrétien Sabur ibn Sahl.
Razi a écrit 184 livres et articles dans plusieurs domaines scientifiques, dont 61 relevant de la médecine, tous en langue arabe. Ses principaux ouvrages sont :
Médecine
Kitab al-Hawi fi al-Tibb
Somme médicale en 22 volumes, en partie posthume, qui reprend les connaissances d'auteurs plus anciens sous forme de longs extraits aux références précises et des commentaires, enseignements et observations de Razi.
Traduit en latin au XIIIe siècle, cet ouvrage exercera une profonde influence sur la médecine occidentale; aux côtés de neuf autres ouvrages, il constituera le fonds de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris en 1395.
Psychiatrie et psychologie
Razi est l'auteur d'un des tout premiers traités de psychologie et de psychiatrie. L'hôpital qu'il dirigea à Bagdad fut le premier à posséder un service pour les malades mentaux.
Neurologie
Razi s'intéressa aussi à la neurologie : il décrivit le rôle moteur et sensitif des nerfs en identifiant sept des nerfs craniens et trente-et-un des nerfs spinaux par un nombre référant à leur position anatomique depuis le nerf optique jusqu'au nerf hypoglosse. Sur le plan fonctionnel, il établit le lien entre certains signes cliniques et la localisation anatomique d'une lésion.
Petite vérole contre rougeole
Écrit par Razi, l’al-Judari wa al-Hasbah a été le premier livre sur cette maladie, et a été traduit en plus d'une douzaine de langues.
Razi est également le premier dans le monde méditerranéen à différencier clairement la petite vérole de la varicelle.
Allergies et fièvre
Razi a découvert l'asthme allergique et aurait été le premier à écrire un traité sur l'allergie et l'immunologie. Dans le traité “Le sens de l'odorat”, il explique l'apparition de rhinites lorsque l'on sent une rose au printemps, traite des rhinites saisonnières, qui sont identiques à l'asthme allergique ou le rhume des foins. Razi aurait été le premier à comprendre que la fièvre était un mécanisme naturel de défense du corps humain.
Pharmacie
Al-Razi a contribué à la pratique précoce de la pharmacie grâce à des textes, mais aussi par d'autres manières. On peut citer l'introduction d'onguents au mercure, le développement d'outils comme le mortier, spatules et fioles qui seront en usage dans les pharmacies jusqu'au début du XXe siècle.
Pathologies diverses
Il décrivit de nombreuses pathologies comme la goutte, les calculs rénaux et vésicaux, la variole, la rougeole, le rhume des foins. Il a en outre classé les maladies en trois catégories : celles qui sont curables ; celles qui peuvent être curables ; et celles qui sont incurables.
Il aurait d'abord été musicien, d'une grande virtuosité probablement joueur de oud, avant de se tourner vers l'alchimie, la philosophie, les mathématiques et l'astronomie. Il n'aurait découvert la médecine que sur le tard. Contrairement à une idée répandue, il n'est pas le premier à dire que le monde est rond car Ératosthène, au IIIe siècle av. J.-C., avait calculé avec une assez bonne précision la circonférence terrestre et plus tard, le mathématicien indien Aryabhata l'Ancien fera de même au VIe siècle. Il semblerait qu'il se soit aussi intéressé à l'orfèvrerie.
Selon certains de ses biographes, Razi aurait souffert d'une maladie des yeux provoquée par les émanations résultant de ses expériences d'alchimie qui lui aurait fait abandonner ce domaine pour s'intéresser à la médecine mais Razi aurait dit lui-même que sa vue avait été affectée par des lectures prolongées. Vers l'âge de trente ans, il entame donc une formation de médecin à Ray. Lettré, il est persan mais lit et écrit en arabe; il étudie les textes des anciens Grecs (Hippocrate, Galien), et aussi Hindous, éventuellement traduits en syriaque, puis en arabe. Les écrits d'Ali ibn Rabban al-Tabari (mort vers 870) auront notamment une grande influence sur lui. Il poursuit sa formation en voyageant en Syrie, en Égypte, en Andalousie, complétant ses connaissances livresques par une pratique clinique et expérimentale.
De retour en Orient, il est d'abord nommé médecin à la cour du prince samanide Abu Salih al-Mansur, régnant sur le royaume du Khorassan au nord-est de l'Iran. Sa notoriété grandissant, il est chargé de la direction de l'hôpital de Ray puis du maristan (hôpital central) Muqtadari de Bagdad sous le règne du calife abbasside Al-Muktafi. La légende raconte que, pour choisir l'emplacement des bâtiments à construire, il aurait fait suspendre des morceaux de viande en différents lieux de la ville et aurait choisi le site comme étant celui où la viande se décomposait le moins vite.
À la mort du souverain Al-Muktafi, en 907, Razi retourne à Ray. De nombreux étudiants le suivent et il poursuit son enseignement médical. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il y meurt le 27 octobre 925 (ou 932 suivant les sources), en l'an 313 du calendrier musulman.
Le médecin, l'enseignant et l'homme de science
En tant que médecin-chef de l’hôpital, progressiste et humaniste, Razi introduisit des pratiques radicalement nouvelles dans le soin des patients et la formation des médecins. Il distinguait en effet trois aspects de la médecine : la santé publique, la médecine préventive et le traitement des maladies spécifiques. Dans cette optique, il organisa des consultations externes, promut les soins à domicile et ouvrit l'hôpital et l'accès aux soins et aux nécessiteux et non pas seulement aux riches. Insistant sur le rôle de la médecine préventive, il se fit l'auteur du tout premier traité médical à l'usage des non-médecins fondé sur sept principes destinés à assurer la préservation de la santé :
Contrairement à l'usage d'alors, il associait à la démarche de soin le malade lui-même (dont il estimait que l'état psychologique conditionnait la réussite du traitement), mais aussi l'entourage du malade : « Il faut que les malades et ses proches soient avec le médecin et non contre lui, qu’ils ne lui cachent rien des états du malade et de son comportement. » Dans cette même approche, il insistait sur le rôle de la diététique dans le soin et la prévention des maladies.
Utilisant ses connaissances en chimie pour son activité médicale, il peut être considéré comme un fondateur de la thérapeutique iatrochimique (l'usage de substances chimiques pour soigner des maladies). Il œuvra pour la constitution de la pharmacologie comme discipline médicale à part entière et le chapitre qui lui est consacré dans son traité Kitab al-Hawi restera une référence jusqu'au XVIIe siècle en Europe. Il alerta très tôt ses contemporains sur l'usage inconsidéré de médicaments et les difficultés résultant de la polypharmacie (l'usage de plusieurs médicaments à la fois).
Œuvre scientifique et médicale
Razi pratiquait de nombreuses spécialités médicales : chirurgie, gynécologie, obstétrique, ophtalmologie… Il a puisé sa science dans l’Abrégé du Khûzistan (Kunnash al-Khûz), et a largement recouru à Aqrâbadin, ouvrage de pharmacopée syriaque traduit en arabe par le médecin chrétien Sabur ibn Sahl.
Razi a écrit 184 livres et articles dans plusieurs domaines scientifiques, dont 61 relevant de la médecine, tous en langue arabe. Ses principaux ouvrages sont :
Médecine
Kitab al-Hawi fi al-Tibb
Somme médicale en 22 volumes, en partie posthume, qui reprend les connaissances d'auteurs plus anciens sous forme de longs extraits aux références précises et des commentaires, enseignements et observations de Razi.
Traduit en latin au XIIIe siècle, cet ouvrage exercera une profonde influence sur la médecine occidentale; aux côtés de neuf autres ouvrages, il constituera le fonds de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris en 1395.
Psychiatrie et psychologie
Razi est l'auteur d'un des tout premiers traités de psychologie et de psychiatrie. L'hôpital qu'il dirigea à Bagdad fut le premier à posséder un service pour les malades mentaux.
Neurologie
Razi s'intéressa aussi à la neurologie : il décrivit le rôle moteur et sensitif des nerfs en identifiant sept des nerfs craniens et trente-et-un des nerfs spinaux par un nombre référant à leur position anatomique depuis le nerf optique jusqu'au nerf hypoglosse. Sur le plan fonctionnel, il établit le lien entre certains signes cliniques et la localisation anatomique d'une lésion.
Petite vérole contre rougeole
Écrit par Razi, l’al-Judari wa al-Hasbah a été le premier livre sur cette maladie, et a été traduit en plus d'une douzaine de langues.
Razi est également le premier dans le monde méditerranéen à différencier clairement la petite vérole de la varicelle.
Allergies et fièvre
Razi a découvert l'asthme allergique et aurait été le premier à écrire un traité sur l'allergie et l'immunologie. Dans le traité “Le sens de l'odorat”, il explique l'apparition de rhinites lorsque l'on sent une rose au printemps, traite des rhinites saisonnières, qui sont identiques à l'asthme allergique ou le rhume des foins. Razi aurait été le premier à comprendre que la fièvre était un mécanisme naturel de défense du corps humain.
Pharmacie
Al-Razi a contribué à la pratique précoce de la pharmacie grâce à des textes, mais aussi par d'autres manières. On peut citer l'introduction d'onguents au mercure, le développement d'outils comme le mortier, spatules et fioles qui seront en usage dans les pharmacies jusqu'au début du XXe siècle.
Pathologies diverses
Il décrivit de nombreuses pathologies comme la goutte, les calculs rénaux et vésicaux, la variole, la rougeole, le rhume des foins. Il a en outre classé les maladies en trois catégories : celles qui sont curables ; celles qui peuvent être curables ; et celles qui sont incurables.