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novembre 2011.
Eu égard à
l’importance de cette rencontre, nous en publions ci-après, la
retranscription intégrale.
Question : Qu’est-ce que l’USFP a entrepris dans le cadre des préparatifs des prochaines élections ?
Abdelhamid Jmahri : Depuis le 8ème congrès, une commission permanente travaille sur les questions sociales et économiques. Bien sûr, pour un parti qui se réclame de la social-démocratie, c’est un travail permanent. Il y a, bien sûr, des propositions parce que les militants et réfléchissent délibèrent, mais le travail doit se faire aussi au niveau des experts. C’est pourquoi le programme est presque achevé et sera rendu public.
Si on reste dans le calendrier, 20 jours quasiment nous séparent du scrutin du 25 novembre. Ne pensez-vous pas que le fait de tarder à présenter votre programme est une démarche irresponsable vis-à-vis des Marocains ?
Quand on est sérieux et responsable, on tient à présenter un programme original et à rester à l’écoute. Il y a 2 ou 3 mois, le spectre de la crise ne se faisait pas menaçant, mais maintenant il faut en tenir compte. Alors autant ne pas établir des schémas et des scénarios sur la base de données dépassées et attendre ce que nous livrera l’actualité de l’économie mondiale.
N’est-ce pas un peu léger de dire qu’il faut tenir compte de l’économie mondiale. En suivant votre raisonnement autant présenter votre programme à la veille du vote. Un délai de 20 jours, ce n’est pas suffisant aussi bien pour votre campagne que pour les électeurs
Si le parti prend le temps de tenir compte de l’évolution mondiale, c’est tout simplement pas que nous voulons être crédibles et coller à l’actualité. Chaque parti respecte un certain timing. Nous-mêmes, nous avons discuté du nôtre.
Avez-vous des priorités ?
Il faut d’abord rassurer les acteurs, toutes tendances confondues, en prenant toutes les mesures nécessaires. Il ne faut pas négliger la demande sociale qui risque d’être explosive dans les mois à venir ; déjà nous en avons un avant goût. Il faut trouver l’articulation adéquate entre la création de la fortune et l’équité sociale.
Pour être plus précis, que propose votre programme afin de lutter contre le chômage et créer de l’emploi ?
Il faut adopter des mesures structurelles et fixer le taux de croissance à 6 ou 4%, choisir d’investir dans les secteurs les plus porteurs, à savoir les nouvelles technologies et l’offshoring, pour que le Maroc devienne une force de travail productive. Actuellement, nous traversons une période très précaire parce que toutes les mesures ont été prises sous la pression. On craignait une crise financière, voire des moments difficiles pour le prochain gouvernement. Mais on se veut rassurants. A part le social, l’économie ne sera pas en reste.
Vous faites référence à des mesures prises dans l’urgence. S’agit-il des augmentations octroyées à des fonctionnaires ? Votre parti y était-il favorable ?
Oui parce qu’il y allait de la situation politique. Nous étions placés plus dans la logique de l’apaisement social et politique que dans les exigences budgétaires
Afin de rester dans le social et faire référence aux programmes des autres partis annonçant de hisser le SMIG à 3000 DH, est-ce une mesure qui pourrait figurer dans le programme de l’USFP ? Est-ce une mesure tenable ?
Dans la mesure où à travers un programme on peut partager des promesses, on proposera à l’électorat ce qu’on croit être mobilisateur. Par ces temps de crise on ne peut promettre monts et merveilles.
Est-ce à dire que dans votre programme, il n’y aura pas d’engagement pour un SMIG à 3000 DH ?
Je ne dis pas qu’il n’y aurait pas de promesses, mais nous veillerons à rester crédibles. Entre la force de la loi et la gestion publique, entre le politique et la responsabilité, l’on doit nous demander comment il faut associer la décision électorale et la décision politique. On a l’impression que la politique se fait dans des lieux non politiques, c’est-à-dire que le citoyen estime que son vote n’a pas d’impact politique.
Dans ce cas le citoyen a-t-il raison?
Oui, et c’est ce qui explique en grande partie l’abstentionnisme et le rejet exprimé par le citoyen parce qu’il croit qu’il y a désinstitutionnalisation de la politique et parce qu’il croit que la politique ne s’élabore pas qu’au sein du gouvernement et du Parlement. Il se trouve alors dans l’embarras total. Il va falloir trouver une solution à cette crise de confiance entre la société et le monde politique.
Justement dans cet engagement citoyen, je reviens à ma question préalable. Comment au niveau de l’USFP, envisagez vous de réconcilier le citoyen avec la politique d’autant plus que vous proposez un programme quasiment à la veille des élections ?
Ce débat a commencé il y a quand même deux ou trois ans avant les révolutions arabes et ce fameux Printemps. Il n’y avait pas beaucoup de projets, pas de forces politiques réellement mobilisatrices. On a pris le taureau par les cornes et on a remis au chef de l’Etat un mémorandum sur les réformes. Souvenez-vous, c’était en mai 2009. Personne ne voulait franchir ce pas politique avec nous. Certains acteurs politiques le trouvaient même suicidaire.
Concernant les monopoles, comptez-vous vous y attaquer ?
Je crois que le monopole n’est plus acceptable actuellement ni par les acteurs économiques, ni par les opérateurs, ni encore moins par ceux qui défendent une bonne gouvernance. Il y a un problème de concurrence qu’il faut résoudre ainsi que celui de la rente. Une séparation des pouvoirs économiques et politiques devrait se faire. Actuellement, il n’est plus acceptable que ceux qui font l’économie fassent la politique et vice-versa. Il faut qu’il y ait du lobbying et d’autres moyens pour faire entendre la voix de l’économique.
On prend un cas concret : le Conseil de la concurrence vient de publier un rapport dans lequel il dénonce le monopole de laboratoires pharmaceutiques étrangers installés au Maroc. Qu’en pensez-vous ?
De par ma nature social-démocrate et au même titre qu’un simple citoyen, je dis que les monopoles n’ont plus de raison d’être
Pour compléter ce qui ressort de ce rapport, on parle également de l’évasion fiscale, de bilans maquillés. Qu’est-ce que cela vous inspire et comment comptez-vous vous attaquer à ces problématiques ?
Il faut juste appliquer la loi. Nous disposons de tout un arsenal juridique qui contrevient à toutes ces malversations et qui trace la feuille de route pour plus de transparence. Une réforme fiscale s’impose nécessairement. Il y a justement des propositions plutôt techniques à ce niveau-là. Mais tout dépend de la volonté politique. Vous allez me dire que c’est toujours le même refrain qui revient.
Ce n’est pas forcément le même refrain qui revient, mais c’est le fait de savoir ce qui découle de l’expression du politique, est-ce qu’en l’occurrence, vous avez dénoncé ce rapport du Conseil de la concurrence qui met en relief les situations de monopole des laboratoires pharmaceutiques. Est-ce que vous êtes au courant de ce rapport ?
Les rapports de certaines institutions, ce sont plutôt les journalistes qui les traitent. Au niveau politique, on a une vision ; je ne vais pas adopter la langue de bois et dire qu’on a débattu de tout. Mais il y a des acquis au niveau institutionnel et constitutionnel, y compris le Conseil de la concurrence qui, du reste, fait un très bon travail à l’instar de la Cour des comptes et d’autres institutions. Il faut leur faire confiance et soutenir leurs efforts.
Est-ce que vous ne considérez pas que c’est également le rôle et la vocation d’un homme politique, voire d’une formation politique, de publier des communiqués et de prendre des positions face à des situations telles que celle-ci ?
On le fait, mais pas assez souvent. La manière de travailler reste plus ou moins orthodoxe pour ne pas dire traditionnelle.
Je voudrais trouver des raisons pour dire qu’il faut voter USFP et pas Istiqlal ou PJD. Vous ne m’avez pas donné quelque chose qui différencie les philosophies, l’approche politique et les programmes entre vous et les autres partis. Qu’est-ce qui inciterait un citoyen à voter pour vous ?
D’abord, et je devrais me sentir plus fier qu’auparavant et en tant que militant de l’USFP, j’étais le seul à dire que le parti a pensé aux réformes avant que tous ces événements ne surviennent. On a eu le courage de dire à qui de droit que le pays allait mal. C’est loin d’être insignifiant. On a su dire qu’il y a une crise de confiance dans la politique alors que tout le monde trouvait que tout allait bien. Nous avons aussi noté dans notre mémorandum que si le pays allait mal, c’est parce qu’il y avait des problèmes de gouvernance, de répartition des pouvoirs, de monopoles et de décisions économiques. Ainsi, on a posé les jalons de la politique et par-là les règles du jeu. Il est vraiment inacceptable que cinquante cinq ans après l’indépendance, nous soyons en train de jouer l’empirisme politique à chaque moment et à chaque échéance, on hésite sur la démarche à suivre : faut il adopter ce genre de scrutin plutôt qu’un autre ? Faut-il lutter de façon très forte contre la corruption ?...
L’USFP a pris les commandes du pays avec le fameux gouvernement d’alternance en 1998. Il y a eu un certain nombre de privatisations qui n’étaient pas forcément en adéquation avec les valeurs et les principes de la social-démocratie. Ce qui a enclenché également une certaine crise de confiance vis-à-vis de l’USFP qui avait un certain discours de gauche mais qui, fondamentalement, lorsqu’il était aux affaires, menait une politique de droite conservatrice et libérale.
Il y a un éclairage à faire au sujet de ces privatisations. Le parti a toujours été pour une économie mixte où le privé et le public interviennent côte-à-côte. Mais notre critique a toujours porté sur l’absence de liens entre privatisation et réforme. Tout le débat que les socialistes ont mené dans l’Hémicycle portait sur le fait que les gouvernements successifs ne faisaient pas une corrélation effective entre privatiser et réformer. Si on prend le cas de Barid Al Maghrib et d’Ittissalat Al Maghrib, il y avait à l’époque quelques milliers de Marocains qui disposaient d’un téléphone fixe, il y avait aussi beaucoup d’employés plus ou moins fictifs mais avec cette privatisation, on a pu mener une réforme du secteur. Actuellement, il y a environ 23 millions de téléphones qui circulent dans le pays.
Pour clore ce premier volet, nous pourrions peut-être revenir sur les législatives de 2007 lors desquelles l’USFP avait obtenu des résultats difficiles, largement en dessous des attentes du parti. Qu’est-ce que vous espérez atteindre comme résultat le 25 novembre prochain ? Il faut savoir que le PJD table sur un niveau de résultats de 20% au minimum et le PPS fait circuler aussi le chiffre de 10%. Y a-t-il au niveau de votre parti des prévisions de ce genre ?
C’est un exercice futuriste. Mais le fait est que nous nous sommes jetés dans la bataille pour remporter les élections. Nous croyons qu’avec un taux de participation plus élevé, le parti peut prévoir une victoire mais beaucoup de travail reste à faire.
Est ce que vous pensez arriver en tête au niveau des résultats?
Oui comme tous les partis. Je crois que si les Marocains avaient voulu sanctionner l’USFP (parce qu’on compte 10 millions d’abstenions), ils auraient voté massivement. Nous avons une chance et nous allons la tenter en nous investissant à fond afin de mobiliser les citoyens.
Ne pas aller voter ne signifierait-il pas sanctionner un parti comme l’USFP ou autre ?
Cette fois, je suis plutôt optimiste.
Lorsque Youssoufi est arrivé au gouvernement lors de l’alternance, cela a soulevé beaucoup d’espoirs de changement. Mais ces changements n’ont pas eu lieu. Est-ce que dans votre programme vous prévoyez un catalogue de changements ?
Oui, mais avec moins d’ambition qu’autrefois parce que nous tenons à rester très réalistes. Peut-être y avait-il une certaine exagération de notre part en 1999, mais nous croyions que le consensus politique était une panacée. Ce qui a constitué un déficit, voire un handicap dès le départ. Actuellement, on essaie de prendre tous les éléments en considération afin d’intégrer et les craintes et les possibilités d’évolution sans oublier la situation internationale.
Croyez-vous que les gens votent par rapport à l’international et non en fonction de la situation dans leur pays ?
On prend en considération l’international pour élaborer un programme qui saura répondre aux besoins des citoyens. L’essentiel maintenant, c’est de convaincre les Marocains que par la voie politique, on arrive à trouver des solutions.
Pour que les citoyens marocains finissent par revenir à la politique et croire aux politiques, ils demandent tous la lutte contre la corruption et le renouvellement de la classe politique. Alors quels sont vos projets à ce niveau-là ?
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, c’est la devise de tous les peuples y compris le peuple marocain. Ce fléau gangrène la société au niveau politique et économique. Un travail doit se faire au niveau de la volonté politique grâce à des personnes qui ne sont ni corruptibles ni corruptrices. Cela fait part également du renouvellement du personnel politique qui est en exercice. La lutte contre la corruption doit se faire de façon institutionnelle beaucoup plus profonde, c’est-à-dire dans l’équilibre des pouvoirs. Si toutefois il y a rente et qu’il y ait des gens qui s’appuient sur tel ou tel pouvoir politique, ce fléau ne sera jamais éradiqué. Pour ce qui est du renouvellement, je crois qu’il reste des attitudes et des traditions qui sont difficiles à éradiquer, mais on travaille dessus au sein de notre parti pour que des jeunes cadres et des femmes aient leur mot à dire par rapport à l’évolution de la situation au Maroc.
Dans le contexte politique national, il y a eu l’émergence d’une nouvelle alliance sous l’appellation de G8. Certains observateurs avertis de la scène politique parlent même d’une alliance contre nature et d’ailleurs j’aimerais avoir votre opinion là-dessus. Est-ce que l’alliance qui regroupe aujourd’hui la Koutla a un sens ou pas ?
La Koutla a un sens et elle a une histoire. Elle a une littérature au niveau des réformes. Est-ce que c’est la réponse pour le G8 ? Moi, je trouve que si elle reste dans les contours actuels, ce serait défendable parce que c’est presque la continuité de la décision initiale qui a été prise en 1992. Y ajouter d’autres formations de gauche ou islamistes, c’est tomber dans le même jeu que le G8, à savoir une confusion de plus. Ce que je reproche au G8, c’est que cela n’aide pas l’électeur marocain à y voir plus clair. Maintenant qu’est ce qu’on essaie de nous proposer ? Une alliance politique sans identité politique. C’est déjà un programme de dire que nous sommes une alliance entre formations politiques et que l’essentiel de notre programme, c’est qu’on n’a pas d’identité politique. Ce qui est grave. Parce que les gens, d’habitude, font la distinction sur la base d’une identité quelconque ; qui peut être une identité nationaliste ou conservatrice
Si on regarde de près les partis de la Koutla et que l’on prenne d’un côté votre parti et d’un autre le parti de l’Istiqlal, est-ce qu’il n’y a pas confusion aussi au niveau des identités ? Entre un parti qui assume le fait d’être conservateur et l’USFP qui se veut un parti progressiste.
Ce qui se passe pour la Koutla est différent parce qu’elle est née d’une volonté de contre-pouvoir au régime de Hassan II. Il ne faut pas oublier non plus que cette alliance a une plateforme historique du fait que les deux partis sont issus du Mouvement national et ont donc des racines communes. Le PPS n’est pas loin, il fait partie de cette mouvance nationaliste-réformatrice ; donc il y a ici une identité qui est plus ou moins collée au patriotisme même si les obédiences et l’appartenance idéologique restent lointaines. Mais l’USFP s’identifie comme un parti nationaliste socialiste et monarchiste.
Peut-on être les trois à la fois ?
Oui parce que les pères fondateurs de l’USFP étaient, en même temps, les pères fondateurs du Mouvement national. Notamment Mehdi Ben Barka et Abderrahim Bouabid. Ils étaient également des monarchistes convaincus puisqu’ils ont défendu le Maroc pour qu’il recouvre sa souveraineté en la personne de Feu Mohmmed V. Pour le G8, il y a beaucoup de confusion à ce niveau-là. Tout le monde a le droit de s’allier mais le contexte crée aussi le sens. Il faut avouer que ces partis n’ont pas une grande histoire en matière de droit de défense des réformes constitutionnelles et politiques
On peut concevoir ces alliances après les élections pour faire un programme de gouvernement commun. Si vous avez des fondements communs avec les autres partis de la Koutla, pourquoi n’allez-vous pas jusqu’au bout de votre raisonnement et présenter un programme commun et des candidats d’union ?
Il y a une plateforme commune qui sera présentée lors d’une conférence de presse. Le mode de scrutin ne permet pas des candidatures communes. En 1993, les choses étaient plus aisées avec le scrutin uninominal. Actuellement, c’est plus difficile. La question n’a pas été bannie des discussions des responsables des trois formations. Mais, il est vrai que des programmes post-électoraux seront beaucoup plus appropriés pour former le gouvernement. Maintenant le grand souci, c’est d’immuniser le processus de réformes non seulement avant les élections mais également au cours des débats pour l’adoption des lois organiques.
Avant de devenir ministre en charge des Relations avec le Parlement, Driss Lachgar avait entrepris un rapprochement entre votre formation et le PJD. Depuis quelques semaines, on entend à nouveau dire que des contacts auraient été pris avec le PJD dans la perspective de l’après 25 novembre
Il faut quand même rappeler le contexte dans lequel Driss Lachgar a entrepris ces « rapprochements ». C’était l’après élections 2007. Sur l’agenda figurait la formation des conseils des communes, des provinces et des régions. A ce niveau-là, les alliances ne se faisaient pas seulement sur la base idéologique, mais c’était plutôt des alliances de commande, c’est-à-dire comment travailler ensemble parce que les partis politiques deviennent de plus en plus conscients qu’il faut profiter de la moindre opportunité pour gérer les communes afin d’être proches des citoyens. C’était également la période après notre 8ème Congrès national qui avait mis l’accent sur la nécessité d’un large dialogue national afin d’entamer des réformes et d’établir les diagnostics qui seront à même de donner au pays la capacité de se réformer.
Et maintenant à l’approche des élections, qu’en est-il de ces contacts ?
Il n’y a pas de contacts institutionnels entre les directions des partis.
Est-ce qu’après le 25 novembre il pourrait y avoir une coalition élargie entre l’Istiqlal et le PJD ?
Cela se ferait sur la base du programme et ce sont les priorités qui imposeraient à l’un et à l’autre la façon de gérer les alliances.
Tout à l’heure, vous avez fait référence à l’histoire de votre parti qui était jalonnée de rapports de force avec le pouvoir central mais on a l’impression que l’USFP a, au fil des années et des élections, perdu de sa combativité et qu’il est devenu un parti dit de l’administration.
Pour vous répondre, je prends deux dates pour voir si on a vraiment perdu de notre vivacité. En 1978, en plein bras de fer avec Feu Hassan II lors de notre troisième congrès national, le communiqué final a mentionné que le Maroc devait entamer le cycle d’une monarchie parlementaire. De plus en 2008, l’USFP a réitéré sa demande.
Vous avez parlé tout à l’heure de cette nouvelle Constitution approuvée par la majorité des citoyens. Il y a eu un débat sur le fait que le PJD aurait exercé du lobbying pour retirer la liberté de conscience dans la nouvelle Constitution. On aurait aimé connaître la position de votre parti par rapport à ce débat.
Dans le mémorandum soumis par l’USFP, il a été mentionné clairement que le Maroc doit faire partie du concert des nations dans la mesure où il a adopté les principes des droits de l’Homme. Tout y est.
En faire un cheval de bataille rien que pour contrer certaines velléités conservatrices sinon réactionnaires alors que l’essentiel devrait se faire sur la séparation des pouvoirs et les fondements de la démocratie, il ne faut quand même pas se poser des questions que la société n’a pas encore posées.
Vous allez loin quand vous dites que la société ne les a pas posées. La liberté de conscience est une liberté fondamentale de l’être humain et, par conséquent, elle se pose tous les jours. Alors êtes-vous pour ou contre ? Avez-vous regretté le fait qu’on ne l’ait pas constitutionnalisée ou que ce n’est que partie remise ?
Je ne suis pas contre. Je voulais dire qu’à un certain moment, on a été amenés à débattre d’une question inhérente des valeurs universelles. Donc s’il y a eu une tendance dans la société qui a voulu focaliser tout le débat là-dessus, ce n’était pas totalement honnête. C’était en faire un cheval de bataille rien que pour embarrasser l’évolution de la société. Je pense que la société évolue dans le sens de la liberté de conscience. En tant que social-démocrate et membre de l’Internationale socialiste, j’y adhère pleinement.
Pour vous résumer, la liberté de conscience fait partie des droits universels. Sur le terrain de l’exercice, vous avez déclaré que le débat sur la laïcité qui peut être aussi un fondement du développement démocratique d’un Etat serait une approche élitiste.
… Elitiste dans la mesure où cela impliquerait l’élite davantage dans le débat public. Cet exercice est d’ordre historique beaucoup plus que purement culturaliste. Il faut que ce débat reste ouvert pourvu qu’il n’y ait pas d’a priori Il faut éviter que des tendances essaient de ritualiser cet espace public.
Je vous demande juste de quitter votre casquette de militant de l’USFP pour celle de directeur de la rédaction de Al Ittihad Al Ichtiraki pour revenir sur le traitement de votre journal de la polémique née du fait que Moncef Belkhayat ait contracté un contrat leasing concernant l’acquisition d’une voiture. Nous l’avons reçu ici et il a pointé du doigt votre journal en disant que c’étaient des propos diffamatoires
On s’attendait à ce que Monsieur le ministre présente des pièces justificatives autres que celles que nous avons publiées. On attend toujours le contrat dont il parle. En tant qu’homme politique, il doit rendre des comptes à l’opinion publique
Allez-vous vous présenter aux élections ?
Oui à Mohammedia. La corruption qui est en train de salir l’espace public à Mohammedia doit cesser. Je vais travailler en tant que journaliste dans la peau d’un futur député.