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Au commencement est « Al Maassoul », le célèbre ouvrage de Mokhtar Soussi et quatre lignes sur la bataille de Sidi Bouathmane dans les R’hamna et à laquelle a pris part, sur ordre du Sultan de l’époque, Caïd Layadi. Le cours de ce jour-là est consacré à ce point d’histoire. Le professeur d’histoire du lycée Houmane El Fatouaki, à Inezgane se sent alors investi d’une mission, celle de réécrire une histoire compliquée du Maroc avant l’indépendance. Dans sa classe, il se fait fort de revisiter l’histoire du protectorat et de la résistance, au détour de quatre lignes sorties de leur contexte et de la perspective historique. On n’est pas loin du révisionnisme à la mode de chez nous. L’enseignant le sait : parmi ses élèves, il compte l’arrière petit-fils du Caïd Layadi. Une aubaine pour faire un procès en sorcellerie et ériger un bûcher pour ce qu’il considère probablement être comme l’héritier de ces « traîtres » qu’il dénonce dans sa classe. « Les Layadi sont des traîtres et des voleurs. Ils ont pillé le Maroc. Ils ont des hectares et des hectares de terres qu’ils ont spoliées. D’ailleurs, cette famille continue de sévir jusqu’à aujourd’hui. Ce sont les fameux crocodiles et démons. La petite-fille du Caïd Layadi est députée du PAM », martèle le professeur dans ce qui n’est plus un cours d’histoire pour de jeunes adolescents se préparant au baccalauréat mais un réquisitoire contre une famille et un parti de l’opposition.
Le jeune Hamza, l’arrière petit-fils du Caid Layadi, tente d’arrêter le massacre et de faire taire ce professeur visiblement en campagne. Devant ses camarades, il dit qu’il n’est pas question de mettre en cause de la sorte sa tante, Fatiha Layadi, puisque c’est elle dont il s’agit et après que son arrière grand-père eut été, quelques minutes auparavant, gravement incriminé. Le professeur ne l’entend pas de cette oreille. Peu lui importent les liens de famille de son élève ou les accusations diffamatoires qu’il a proférées : ces vérités doivent être dites.
La famille de Hamza a bien sûr vivement réagi. Son père a pris contact avec le directeur de cet établissement scolaire. Son fils, adolescent, a été gravement exposé à des règlements de comptes propres à un professeur, qui, on le saura plus tard, est proche du PJD, le parti du chef du gouvernement. « Comment pourra-t-il affronter le regard de ses camarades après toutes ces accusations lourdes qui ont été portées contre son arrière-grand-père et sa tante et ce par un professeur, en plein cours d’histoire ? Cette histoire laissera-t-elle des séquelles traumatisantes sur mon fils ?», a en substance demandé le père au directeur du lycée Houmane El Fatouaki.
Fatiha Layadi, la députée et tante de Hamza a, elle, informé le ministre de l’Education nationale de ce cet incident d’une extrême gravité. « J’aurai pu aller devant les tribunaux comme n’importe quelle citoyenne qui aurait été diffamée. Ce professeur peut avoir les opinions politiques de son choix mais qu’il les laisse à la porte de sa classe», a-t-elle déclaré à « Libération ».
Mohamed El Ouafa a bien dépêché une inspection à cet établissement scolaire. Son rapport n’a pas encore été rendu public. Le professeur d’histoire en question, lui, persiste et signe en organisant, mercredi, un sit-in devant le lycée et en faisant circuler une pétition de solidarité. Une manière de revendiquer son droit de diffamer et d’insulter.
Pour l’heure, personne ne s’est soucié du ressenti d’un élève de 15 ans, en pleine adolescence, et dont la famille a été prise pour cible par un professeur qui mêle allègrement histoire, politique et règlements de comptes. Au sein du lycée Houmane El Fatouaki, personne de l’équipe pédagogique, n’a non plus exprimé sa solidarité avec Hamza. En ces temps de populisme où accusations, diffamations et insultes sont la seule perspective « politique », il est vrai qu’il est plus facile de tirer sur les crocodiles et les démons plutôt que de soutenir un élève qui a le tort –aux yeux de son prof d’histoire- d’être l’arrière petit-fils du Caïd Layadi et le neveu de Fatiha Layadi.