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Il s'agit de détenus condamnés pour des faits graves comme la fabrication et le trafic de stupéfiants, les menaces d'autrui, la formation d'une bande organisée, le vol (avec ou sans violence), le port d'armes illicites et le séjour illégal en Belgique.
Selon le quotidien Het Laatste Nieuws, ces personnes devraient être reconduites au Maroc d'ici quelques semaines dans un avion militaire. Elles sont obligées de purger leurs peines dans leur pays d'origine et cela même contre leur gré comme le stipule la convention d'extradition entre le Maroc et la Belgique. Un accord qui fonctionne uniquement pour les Belges d'origine marocaine et pour aucune autre catégorie de citoyens belges, originaires de quelque pays que ce soit.
Il s'agit de la deuxième opération du genre qui est entreprise en Belgique, 15 ans après la signature en 1997 d'un protocole d'accord entre le Maroc et la Belgique, permettant le retour des prisonniers marocains dans leur pays d'origine, mais seulement si ces derniers donnaient leur accord. En 2007, la ministre belge en fonction, Laurette Onkelinx, avait alors conclu un second accord rendant possible leur extradition forcée.
C'est ainsi que le 28 mai dernier, cinq premiers détenus marocains, âgés de 24 à 39 ans et condamnés pour séjour illégal, coups et blessures, faux en écriture, détention d'armes, viols, ou encore séquestration et torture, avaient été renvoyés au Maroc. « Il s'agit de criminalité grave. Ces hommes ont épuisé leurs possibilités d'appels de leur condamnations et n'ont aucun lien avec notre pays », commentait alors l'actuelle ministre belge de la Justice, Annemie Turtelboom.
L'extradition des prisonniers belges d'origine marocaine a fait sortir de leurs gonds plusieurs citoyens. En effet, leurs commentaires et leurs avis sur ce sujet fusent sur les réseaux sociaux et les blogs. Ils qualifient cet accord de discriminatoire et stigmatisant. Pire, ils estiment qu'il vide l'accès à la nationalité belge de sa substance, à savoir d'être traité comme citoyen belge à part entière.
Hassan Bentaleb
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Certains vont plus loin. Ils pointent du doigt la position du gouvernement marocain accusé de ne pas avoir bien négocié cet accord puisque «tous les Belges, de quelque origine qu'ils soient, sont protégés par les lois de leur pays d'adoption, la Belgique, sauf ceux qui sont issus de l'immigration marocaine», a commenté un internaute avant d'ajouter : «Aucun des ministres successifs chargés des Marocains résidant à l'étranger et aucun élu belge d'origine marocaine, ne s'est élevé contre cette grave mesure qui pourra concerner n'importe lequel d'entre nous».
Pour lui, chaque Belge d'origine marocaine encourt aujourd'hui le risque de se voir extrader vers le Maroc, s'il est condamné à une peine de prison justifiant cette extradition. Et cela n'est qu' «un premier pas qui en augure d'autres et rien ne peut empêcher les autorités politiques belges d'étendre cette mesure à d'autres situations, pour la rendre, à terme, applicable à tous les Belges de cette origine», a-t-il conclu.
Même son de cloche de cette maman belge d'origine marocaine qui a un fils incarcéré au Maroc. Pour elle, l'extradition des détenus vers le Royaume pose plusieurs problèmes à ces derniers puisqu'ils connaissent peu ou rien de leur pays d'origine. Ceci d'autant plus que ce sont leurs familles qui paient les pots cassés puisque c'est à elles de prendre en charge les allers-retours entre la Belgique et le Maroc pour rendre visite à leur progéniture. « Mon fils est incarcéré au Maroc et je dois souvent aller au Maroc pour subvenir à ses besoins, car il est mal nourri et souffre d'un manque d'hygiène. Toutes mes économies sont épuisées et j'ai dû contracter des crédits pour aller le voir», a-t-elle raconté.
A rappeler qu'aujourd'hui, près de 190 détenus de nationalité marocaine sur un total de 1.200 incarcérés dans des prisons belges, seront concernés par ces extraditions, étant entendu que la Belgique compte en moyenne 42 % d'étrangers dans ses prisons, soit 4.451, que sur ces cinq dernières années, seuls 212 détenus étrangers ont introduit une demande en vue de purger leurs peines dans leur pays d'origine et que seulement 51 d'entre eux ont été transférés.