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Ce concept de capital immatériel qui, selon la Banque mondiale, établit la différence entre la " richesse totale" dérivée des consommations futures et le capital matériel et naturel d'un pays, permettra au Maroc de franchir une nouvelle étape dans la comptabilisation de ses richesses en intégrant, contrairement aux approches financières classiques, d'autres facteurs comme les compétences humaines, la cohésion sociale, la confiance dans les institutions ou encore la sécurité, ont-ils estimé lors d'une conférence-débat, organisée par la Fondation Attijariwafa bank.
Cet objectif ambitieux ne peut être atteint sans "une révolution des mentalités" nécessaire pour créer une émulation au sein de notre tissu économique, a soutenu le président du groupe Attijariwafa-bank, Mohamed El Kettani, ajoutant que l'entreprise marocaine se trouve aujourd'hui face à un nouveau défi à relever qui est celui d'intégrer le capital immatériel dans ses indicateurs de performance en vue de maximiser ses chances d'améliorer la productivité de ses salariés et de stimuler les capacités d'innovation. Avant le discours historique du Souverain prononcé le 30 juillet dernier, a-t-il relevé, le Maroc s'est toujours basé, comme la plupart des pays, sur l'indicateur économique classique qui est le Produit intérieur brut (PIB), pour mesurer sa richesse nationale et selon lequel le Maroc figure dans la catégorie des pays à revenus intermédiaires, se disant convaincu que la prise en compte du capital immatériel va permettre d'apprécier tous les efforts déployés par l'Etat.
Pour le directeur général de l'Institut Royal des études stratégiques, Mohammed Tawfik Mouline, le capital immatériel constitue l'un des concepts novateurs utilisés récemment par la Banque mondiale lors de la mesure de la richesse des nations, soulignant que les études menées à ce titre confirment que ce capital est le socle de création de la richesse puisqu'il englobe les composantes structurelles permettant de générer de la valeur sur une base pérenne, dont notamment le capital humain et le capital organisationnel.
Il a fait savoir que le discours Royal a donné une nouvelle impulsion au processus de développement d'ensemble au Maroc, en annonçant l'amorce d'une nouvelle évaluation du parcours de développement franchi par le pays, après celle menée en 2005 dans le cadre du cinquantenaire.
Le discours Royal, a-t-il fait remarquer, a mis en relief l'importance d'assurer l'appropriation collective du concept du capital immatériel, dans le cadre d'un débat national fructueux, notant que le Maroc s'est engagé dans des chantiers structurants, dont notamment l'opérationnalisation de la Constitution de 2011 et la réforme profonde du système d'éducation.
Pour lui, les limites des indicateurs de mesure de la richesse, à l'instar du PIB, ont été révélées par plusieurs études, du fait que ces indicateurs ne traduisent pas réellement les progrès accomplis par les pays et ne reflètent pas leurs potentialités intrinsèques. D'où le recours à des concepts novateurs, à l'instar de celui du capital immatériel en tant qu'outil de pilotage des politiques publiques.
Il a, à cet égard, précisé que le capital immatériel par habitant a accru de près de 60% entre 2000 et 2013, sa part dans la richesse globale se situant autour de 75 %. Cette progression, a-t-il constaté, reflète le développement du pays au cours de cette période.
Pour sa part, le Professeur Jean-Claude Dupuis, docteur et chercheur en sciences économiques à l'Institut d'administration des entreprises de Paris a souligné que l'approche immatérielle invite à saisir que l'optimisation du capital financier ne peut se faire sans prendre en compte une contrainte de préservation des autres capitaux, essentiellement le capital humain et capital naturel.
Il a estimé que l'optimisation du capital financier doit se faire sous contrainte de façon à faire prévaloir une logique d'investissement seule à même d'asseoir une croissance durable, soulignant que la conception financière qui domine actuellement les travaux sur le capital immatériel, y compris ceux de la Banque mondiale, laisse croire qu'il n'y aurait qu'un seul modèle de conservation du capital global, à savoir celui actuariel dans lequel une baisse effective du capital naturel ou du capital humain peut être compensée par une hausse potentielle du capital financier.
Son compatriote Jean Pierre Chauffour, économiste principal, a indiqué que cette conférence permet de mieux comprendre l'importance du capital immatériel dans la promotion des politiques publiques.
Il estime que, trois paramètres doivent être pris en considération lors de l'élaboration des politiques publiques. Il s'agit du capital humain, qui englobe la compétence et le savoir-faire, le capital institutionnel (la gouvernance économique) et le capital social qui couvre des thématiques différentes liées à la capacité.