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C’est dans cette petite ville de 3.000 habitants que les importateurs ont tenu plusieurs réunions avec les représentants de la douane pour trouver un terrain d’entente sur les modalités de dédouanement des marchandises qu’ils importent de Mauritanie et d’Afrique subsaharienne (Mali, Sénégal, etc.)
Jusqu’en 2013, année de l’arrivée de l’actuel chef de la circonscription des douanes à Dakhla, tout allait bien, explique l’un des importateurs qui a requis l’anonymat. Il explique : « Au début des années 2000, nous étions quelques aventuriers à courir le risque de commercer avec cette région. On avait de petits bus qu’on chargeait à Casablanca et on écoulait la marchandise en Mauritanie, au Sénégal ou au Mali. Avec le produit de ces ventes, on rechargeait à partir de ces pays nos véhicules de différentes marchandises qu’on vendait à Dakhla et Casablanca. Nous avons continué à fréquenter cet axe en élargissant nos activités par la création de sociétés et au lieu des petits bus, nous avons acquis une armada de camions. Aujourd’hui, 13 sociétés s’activent sur ce trajet, avec au minimum six à sept camions pour la plus petite de ces sociétés, faisant vivre, directement ou indirectement 4.500 familles, d’Assa à Bir Guendouz. Mais dès 2013, tout a été remis en question. La douane a commencé par nous imposer des taxes de plus en plus élevées ; au lieu des 45.000 DH que nous payions par camion, on allait passer à 60.000 DH. Ces taxes menacent l’existence de nos 13 sociétés et par ricochet le revenu du personnel qu’elles emploient et la paix sociale ».
Notre source ajoute que ces commerçants sont connus pour leur patriotisme et demandent l’application des mesures leur permettant de poursuivre leurs activités et de maintenir les emplois créés. Et de se demander : pourquoi ne pas sévir contre les contrebandiers de Sebta et Mellilia qui ne sont d’aucun apport pour les finances publiques ? «Pourquoi s’attaque-t-on aux honnêtes commerçants que nous sommes ? Nous qui luttons contre le chômage et dont la contribution aux recettes publiques varie entre 2 et 3 milliards de centimes par mois ».
Notre interlocuteur souligne que de la survie de leurs sociétés, ses collègues et lui, dépend la vie de plusieurs milliers de personnes dont des petits commerçants, des femmes écoulant leurs produits sur les trottoirs d’Assa, Guelmim, Smara ou Laâyoune, les restaurateurs qui se sont installés, le long de cet axe jusqu’à la frontière avec la Mauritanie, les pompistes dans les stations services, etc.… Aussi, demandent-ils une intervention Royale, non pour exonérer leurs marchandises, mais pour alléger les taxes et les procédures auxquelles ils sont soumis.
Le chef de la circonscription douanière de Dakhla nous a indiqué qu’au début des activités de ces commerçants, les services des douanes au poste-frontière Gargarate n’étaient pas équipés et que le modèle de taxation appliqué était le T6 bis qui s’applique aux passagers dans les aéroports et dont la valeur de la marchandise était moindre. Ainsi, le forfait de 7.000 DH qui leur était appliqué a augmenté, au fur et à mesure de l’installation des douanes à ce poste. Aujourd’hui que ces services disposent de moyens humains et matériels nécessaires et suite à l’étude qu’il a effectuée lors de sa nomination à la tête de cette circonscription, il a suggéré à la direction générale l’application du règlement en vigueur sur toute l’étendue du territoire. « Il n’est pas logique qu’un commerçant de Casablanca puisse concurrencer son collègue de Dakhla sur un produit qui lui revient 4 fois plus cher, du fait des taxes dont il s’acquitte », précise-t-il en rappelant avoir « procédé à une application progressive de ces droits pour les ramener à un forfait de 100.000 DH le camion, taux qui connaîtra d’autres augmentations ».
Tels sont les propos du chef de la circonscription douanière ou CC, comme on l’appelle, ici. Les commerçants, quant à eux, soutiennent que ce CC qui devrait être mis à la retraite au mois de février prochain, porte un coup fatal aux activités du poste frontalier Gargarate. Ils affirment que le gouverneur leur a confirmé que cette zone, porte du Maroc, doit être opérationnelle 24 heures sur 24 et qu’il fera tout pour y encourager des activités non stop. Ils précisent également qu’ils sont prêts à doubler leurs capacités de transport, mais qu’ils ne peuvent pas courir ce risque, tant que les conditions de dédouanement restent incertaines.